08/12/2021

Trois mois sous silence de Judith AQUIEN

Six mois ... Six mois c'est le temps qu'il m'aura fallu pour lire "Trois mois sous silence" le livre de Judith AQUIEN. Six mois ... C'est le temps qu'il m'aura fallu pour réussir à terminer ce livre qui m'a bouleversée. Je l'ai souvent fermé brusquement tellement le choc des mots était soudain. Je repoussais le moment où j'allais me replonger dans la lecture de ce livre. Je marchais. Je le cachais sous d'autres livres. Je voulais oublier ce livre. Puis j'y revenais en me disant que cette fois, c'était la bonne. Puis je le refermai en hurlant que ça n'était pas possible ! Et puis je l’ai laissé pour digérer ce que j’avais lu. Je peux dire que ce livre je l’ai vécu.

Six mois... Six mois à ruminer dans mon coin et à me dire qu’il faut absolument parler de ce livre. Haaa ça c’est sûr personne n’attend après moi pour en parler ! Mais si je pouvais contribuer à une prise de conscience dans le collectif j’en serai très  heureuse ! J'encourage les hommes à lire ce livre pour comprendre ce que leur mère, sœurs, amies et épouse ont peut-être traversé. J'ai été en colère tout le long de la lecture de ce livre. Pas une seule page sans colère ! Ce livre me touche particulièrement. Il me concerne. Silence ... on en parle.

 

Le soir venu je m'appliquais à m'installer confortablement quelque part chez moi. Pensant avoir trouvé ma position au bout de quelques minutes je pensais pouvoir lire au moins une heure sans être interrompue. Mais hélas … au fil de ma lecture mes pensées se réveillaient. Elles m’amenaient vers d’autres histoires. Les miennes, celles des autres, et en font sonore ce bruit … des paroles étouffées. Très vite ça ne va plus. Très vite je dois bouger de cet endroit dans lequel je me suis installée. Rien ne va plus, j’étouffe moi aussi.

J’étouffe parce que je fais partie de ces femmes silencieuses qui ont souffert de subir une fausse couche en silence. D’ailleurs je n’en parle jamais. Je peux l’écrire, je peux me l'écrire, mais je ne peux pas le parler, le dire à haute voix. Par contre les voix des autres je les ai bien entendues. J'en ai entendu trois avant de taire mon deuil « c’est fantastique ! Vous êtes donc compatibles ! » « T’inquiète ! ça arrive ! Rien de grave, au moins tu peux être enceinte ! » Oui, enceinte je l’ai été. Endeuillée je l’ai été en silence pour ne pas que les autres soient dérangés. « Oh ça va ! Au bout de quelques semaines une fausse couche c’est rien ! » … C’est rien … C’est ce rien justement qui est abordé dans ce livre.