29/01/2011

Marcelle Labelète - Profession : croqueuse de pommes

Mesdames et Messieurs accueillons comme il se doit Marcelle Labelète, croqueuse de pommes connue à travers le monde des fabricants de jus de pommes. Merci de croquer brillamment et bruyamment une pomme en dégustant cette nouvelle interview !
crrrrrrrroc !

Pourquoi lisez-vous ?

Je lis pour comprendre les mots. En fait je lis parce que je me sens bête. J’ai l’impression de ne pas connaître grand chose. L’histoire m’intéresse moyennement, les dates sont si nombreuses qu’elles me donnent la nausée. La géographie me fait perdre la tête sans une bonne boussole. Je repense à mes cours de latin, je ne comprenais rien. Maintenant je ne sais pas pourquoi mais le moindre mot me passionne, par exemple : fourchette ou couteau ou rébarbatif sont des mots passionnants quand on les observe à la syllabe ou à la lettre. Surtout rébarbatif. Qui vient de l’expression « barbe contre barbe » passionnant quand on sait qu’aujourd’hui on utilise ce mot pour quelque chose qui nous ennuie, qui se répète… « barbe contre barbe »…zut alors les femmes ne peuvent donc pas connaître cette expérience géniale de la barbe contre la barbe. J’ai longuement pensé qu’on pourrait remplacer la barbe par les poils pour que cette expression devienne unisexe. Car pour certaine la barbe se situerait au niveau des mollets. Pourquoi je lis ? Parce que c’est unisexe, parce que ça permet de passer le temps dans le métro, parce que la société nous dit depuis des années : « lire c’est bien », ok alors lisons mais pas comme des brebis. Je veux lire du feu ! Je veux lire du fou rire ! Je ne veux pas m’ennuyer c’est tout !


Quel est votre livre préféré ?

Une Bible.


Pourquoi ?

Parce que c’est le seul livre que je ne pourrai jamais finir et jamais entièrement comprendre.


Achetez vous souvent des livres ?

Alors ça c’est une super question parce que si j’avais de l’argent j’en achèterai des tonnes, tous ceux sur lesquels mes yeux se poseraient. Je ferai construire une énorme bibliothèque pour les ranger. Mais cette question m’amène à une pensée. Imaginons que je ne travaille pas. Je lis un livre. J’écris et développe ce que je ressens à chaque passage intéressant et en fait une sorte de « sous-livre ». Du coup je mets deux fois plus de temps pour lire un livre et donc je lirai deux fois moins de livres dans une vie qu’une personne qui ne rédige pas de notes au cours de sa lecture…Je me demande pourquoi, encore une fois, je pense que je pourrai faire cela parce que j’ai l’impression ne pas savoir autant de choses que la plupart des gens ? Où est votre divan chère Léa ? Vous m’avez fait le coup du serpent à sonnette c’est ça ? (rires)


Lisez-vous tout de suite les livres que vous achetez ?

Cela dépendra du livre. En fait si j’achète un livre c’est que j’ai envie de le lire. Reste à savoir à quel moment ? Je peux acheter un livre en aillant un autre livre en cours.


Pouvez-vous décrire votre façon de lire ?

Je prends le livre entre mes mains. Je fais défiler les pages très rapidement pour assouplir le livre. Je le sens. Il m’arrive de tout faire pour qu’il ait une odeur familière. Je peux le laisser sur une table ou même dans un placard avant de le lire. J’aime lire en même temps que je suis dans le métro en train d’écouter la conversation des gens qui sont à côté de moi, d’ailleurs s’ils pouvaient parler moins fort ça m’arrangerait parce que ça me perturbe drôlement. Parfois je mélange leur conversation avec l’histoire du livre, ça peut donner des choses assez incroyables : « il arrivait la pédale au planché à 200 à l’heure lorsque, tu as pensé à faire le gratin de courges pour ce soir, elle avait les phares en pleine face, n’oublie pas qu’ici on est à Paris et qu’à Paris les gens ne sourient pas dans le métro… » Finalement ça pourrait donner des idées à des auteurs en mal d’inspiration de se poser dans le métro…avec un bon bouquin bien sûr !


Que doit contenir un livre pour que vous le lisiez jusqu’à la fin ?

Je crois que ça tient à la construction, comment le sujet est amené et l’histoire développée. Une façon d’écrire simple et bien ponctuée me laisse prendre le large et rêver.


Lisez vous les livres les uns après les autres ?

Plusieurs à la fois. Je trouve ça marrant parce que lorsque quelqu’un vous demande si vous avez lu le dernier Paulo Coelho et que vous dites : « ha oui celui dans lequel la courge est l’héroïne ! » Vous ne laisserez personne indifférent ! (rires)


Aimez-vous lire ?

(Grand soupir)

Je ne sais pas. Vraiment je ne sais pas. Je cherche encore. Le savoir ne passe pas que par les livres. La parole partagée m’éclaire sur beaucoup de choses.

Merci à Marcelle Labelète pour sa disponibilité. Mon divan est le votre.


Léa BENCOIL.


16/01/2011

Enfants


Paris le 16 janvier 1832,

Ma chère Lise,

Si ta vie commence à ta naissance il faut que tu saches où commence ton histoire.
Sur la carte elle se situerait vers Chambéry, Biscarosse, Sydney et Constantinople.
Sur la carte du tendre elle se situerait vers la Nouvelle Amitié réunie par des Terres.
Ces terres dans lesquelles on enfonce les ongles, les doigts et parfois qu'on porte à notre bouche pour en goûter sa saveur et sentir son odeur. Ces terres qui font couler du sang de nos veines et qui nous font être en vie. Du sang de nos racines.

Si ta vie commence à ta naissance, il faut que tu saches où sont plantées tes racines et quelles Terres elles traversent. Imagine-les pousser à travers les sols.
Sur la carte elles relieraient la Bretagne à la Turquie.
Ces Terres si différentes desquelles on emporte des saveurs qu'on garde sur un morceau de tissu pour le porter à ses narines et en sentir ses Terres.
Sur la carte du tendre elles pourraient être l'Oubli et la Confiante Amitié séparées par la Mer Dangereuse.

Ta vie pourra-être mille et une vies portées en toi...

Tu dois savoir que tu as été une surprise et que tu ne pourras être qu'une excellente surprise...puisque tu n'es pas encore née.

Léa BENCOIL