08/12/2021

Trois mois sous silence de Judith AQUIEN

Six mois ... Six mois c'est le temps qu'il m'aura fallu pour lire "Trois mois sous silence" le livre de Judith AQUIEN. Six mois ... C'est le temps qu'il m'aura fallu pour réussir à terminer ce livre qui m'a bouleversée. Je l'ai souvent fermé brusquement tellement le choc des mots était soudain. Je repoussais le moment où j'allais me replonger dans la lecture de ce livre. Je marchais. Je le cachais sous d'autres livres. Je voulais oublier ce livre. Puis j'y revenais en me disant que cette fois, c'était la bonne. Puis je le refermai en hurlant que ça n'était pas possible ! Et puis je l’ai laissé pour digérer ce que j’avais lu. Je peux dire que ce livre je l’ai vécu.

Six mois... Six mois à ruminer dans mon coin et à me dire qu’il faut absolument parler de ce livre. Haaa ça c’est sûr personne n’attend après moi pour en parler ! Mais si je pouvais contribuer à une prise de conscience dans le collectif j’en serai très  heureuse ! J'encourage les hommes à lire ce livre pour comprendre ce que leur mère, sœurs, amies et épouse ont peut-être traversé. J'ai été en colère tout le long de la lecture de ce livre. Pas une seule page sans colère ! Ce livre me touche particulièrement. Il me concerne. Silence ... on en parle.

 

Le soir venu je m'appliquais à m'installer confortablement quelque part chez moi. Pensant avoir trouvé ma position au bout de quelques minutes je pensais pouvoir lire au moins une heure sans être interrompue. Mais hélas … au fil de ma lecture mes pensées se réveillaient. Elles m’amenaient vers d’autres histoires. Les miennes, celles des autres, et en font sonore ce bruit … des paroles étouffées. Très vite ça ne va plus. Très vite je dois bouger de cet endroit dans lequel je me suis installée. Rien ne va plus, j’étouffe moi aussi.

J’étouffe parce que je fais partie de ces femmes silencieuses qui ont souffert de subir une fausse couche en silence. D’ailleurs je n’en parle jamais. Je peux l’écrire, je peux me l'écrire, mais je ne peux pas le parler, le dire à haute voix. Par contre les voix des autres je les ai bien entendues. J'en ai entendu trois avant de taire mon deuil « c’est fantastique ! Vous êtes donc compatibles ! » « T’inquiète ! ça arrive ! Rien de grave, au moins tu peux être enceinte ! » Oui, enceinte je l’ai été. Endeuillée je l’ai été en silence pour ne pas que les autres soient dérangés. « Oh ça va ! Au bout de quelques semaines une fausse couche c’est rien ! » … C’est rien … C’est ce rien justement qui est abordé dans ce livre.



04/11/2018

Au monde, ce qu'accoucher veut dire, une sage-femme raconte ...

mon dernier article par ici date d'il y a cinq ans ... celui d'aujourd'hui est comme un cri d'alarme.

en cinq ans on a le temps d'en lire des livres, on a aussi le temps de faire mille choses et la liste est longue. En ce qui concerne mes lectures j'ai toujours le même rapport avec les livres. Je les aime entre mes mains et puis soudain il faut que je les lise, un par un, ou tous à la fois et là c'est toujours le drame. Un livre qui attend sous une pile d'autres livres à lire ou commencés mais pas terminés. Bref, avec moi les livres n'ont pas la vie facile !

Et puis arrive le livre de Chantal Birman, acheté d'occasion sur internet par belle-maman. Et là arrive ce qui devait enfin arriver ! Les pages du livre me prennent dans leurs pages comme une couverture toute douce et chaude. Je me laisse embrasser par ce livre et je mets ma tête tout entière dedans. La couverture a comme un effet de massage sur mon dos. J'ai l'impression d'être une sportive de haut niveau qui endure l'impossibilité de s'arrêter de lire. Il me faut donc une bouteille d'eau et de quoi marquer les pages et prendre des notes.

Je me rappelle avoir été choquée, voir impactée par les mots que Chantal Birman emploie dans ce livre et dès le début j'ai l'impression qu'on m'attrape par les épaules, qu'on me maintient assise pour me mettre face aux maux de ces femmes dont elles parlent dans ce livre si bien écrit. Madame Birman parle de froideur pour décrire l'annonce de certaines vérités données par le corps médical. Et tout de suite j'ai l'impression que ce monde médical est fermé aux mots qui traduiraient les émotions des patientes. Tout de suite je sens que le corps des femmes est maintenu pour être impacté par des mots scientifiques sans amour, impacté par le froid pour mieux maîtriser cette chaire qui n'est alors plus un corps mais juste un bout de chaire qu'on vient tatouer à vif avec des mots protocolaires.

Dès le début du livre Chantal Birman lève le voile sur cette part d'ombre.
Dès qu'il y a de l'ombre ça m'intéresse de m'y poser et d'observer. Et autant vous dire que tout au long de ce livre on a envie de se poser à l'ombre pour le lire mais aussi pour pleurer sans être vue. Parce que l'autrice de ce lire met ses tripes sur la table. Et c'est votre cœur à vous qui sera saisit par tant de courage, tant de volonté à parler de l'accouchement sous toutes ses formes.

Chantal Birman vous prend toute entière pour vous livrer des choses que les femmes doivent toutes savoir avant, pendant et après avoir accouché. Ce livre est un chuchotement de bon sens amené à quelques millimètres de votre oreille. Je me suis entendu lire à haute voix et pleurer toutes les larmes de mon corps. Tout ça sous une couverture dans mon salon, la nuit tard pour être sûre que personne n'allait me voir pleurer. Résultat tout le monde le sait maintenant ! Et c'est aussi ça ce livre, des litres de larmes.

J'aime ce livre parce que Chantal Birman affirme des choses qui vous feront vous lever ! C'est tout ça que j'ai aimé dans ce livre.

Je terminerai cet article par un très court extrait de ce livre " Lorsqu'une femme enceinte parle d'un ancêtre, elle est le réceptacle de toutes les vies avant la sienne qui ont permis que son enfant soit conçu. Elle porte en elle un Univers passé - celui des générations qui l'ont précédée -, mais aussi futur - celui des générations qui vont suivre. Elle devient le maillon d'une chaîne ininterrompue depuis des milliers et des milliers d'années. Et depuis presque aussi longtemps, près d'elle, avec elle, la sage-femme qui connait ce secret l'aide à extraire la vie qu'elle a créée, accueillie, portée en elle." Chantal Birman.

MERCI MADAME.




























Léa BENCOIL

01/08/2013

SOIE - ALESSANDRO BARICCO


Les livres suggérés ou offerts sincèrement finissent toujours par être lus … et terminés ! C’est comme ça que je vois le livre SOIE écrit par ALESSANDRO BARICCO.
Offert par le musicien Florent HÉAU en 2010 je n’ai jamais ouvert ce livre. Pourtant j’appréciais beaucoup cette personne qui voyage toujours à travers le monde. Un concert à l’autre bout du monde lui permettait de revenir avec de nouvelles lectures dans sa valise. Vous pouvez d’ailleurs suivre Florent à travers son blog http://cldesol.blogspot.fr/ et découvrir qu’aujourd’hui il joue à Léchère-les-bains.
Si vous le croisez passez lui le bonjour cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu lui et sa clarinette !

Parfois, des êtres chers nous imaginent un avenir sans jamais penser que nous pourrions vivre d’un métier insolite. J’ai choisi depuis plusieurs mois de gagner ma vie en vendant mes créations. Il y a dix ans j’ai inventé un personnage. Un lutin. Je lui ai donné un nom « La Pensée des Lutins » et c’est devenu une marque. Pendant ces dix années écoulées j'ai eu ce que j'appelle : un travail.

J’ai toujours eu envie d’inventer quelque chose. Je voulais dessiner, créer, modeler, travailler avec mes mains pour découvrir une chose comme une révélation et la partager avec les autres. Je voulais, je rêvais et mon personnage est arrivé. J’ose, par prétention sans doute et par mon âme d’enfant très présente, imaginer que la lutinerie sauvera le monde. C’est cette pensée qui m’a accompagnée au début du livre car parcourir le monde à la recherche de vers à soie est un métier insolite.

Voici quelques pensées sur ce livre...
Quoi de plus doux et frais que de se laisser glisser dans un drap de soie, pour ceux qui l’ont déjà fait … ça reste encore une chose à faire. C’est sur une couette douillette que j’ai lu ce livre proposé par celui qui me sourit tous les jours.  Je me suis enfoncée dans ce nid douillet et j’ai lu … et me suis endormie pour rêver. Comme d’habitude j’ai encore imaginé beaucoup de choses en lisant. J’avais des images de bateaux qui berçaient ses passagers à la recherche d’un filet d’air frais. Et c’est moi qui ai fini par somnoler puis par m’endormir … Je suis arrivée en Afrique puis en Asie pour essayer d’attraper le bon bâteau pour ne pas faire éclore les larves avant mon arrivée pour où ? Je me suis mise à rêver de mon voyage. Après quoi courais-je ?  Après des rêves. Ceux que l’on fait lorsqu’on dort. Ceux qui sont improbables. Ceux qui font rire en pleine nuit, ceux qui donnent chaud ou qui vous glacent de peur. J’aime rêver et je crois avoir trouver une chose qui pourrait me faire aimer la lecture : elle m’endort et me faire rêver.

Ce livre est une tendresse. Les personnages y sont touchant et donc attachant. Le monde est la maison d’Hervé Joncour et sa maison est celui d’une épouse aimante et pleine d’imagination. Ce livre propose un rêve à chaque fois que vous en tournerez une page. Des images viennent, des envies qui vous maintiendront dans une « en vie ». Et dans le silence des rêves auxquels nous assistons la nuit dans notre sommeil, parfois impuissant, vous aimerez assister à votre propre lecture, considérant toute tentative d’agir comme impudique…
et profitez, ce livre ne fait qu’une centaine de pages.

Léa BENCOIL

02/12/2012

Bien plus tard dans ma lecture ... "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J Jacobs au éditions Babel

Il faudra que je m'y fasse ... je ne lirai pas ce livre jusqu'au bout ...
Je n'y arrive pas ... Il pèse lourd dans tous les sens du terme ...
Pourtant j'aime les fins. Joyeuse ou triste j'aime la fin et j'aime terminer les choses. Mais là ... pfff... que ce livre me laisse en paix ! Qu'il arrête de me regarder avec ses coins abîmés et sa couverture bleue, je n'en peux plus ! Ne me regarde plus livre ! Je te brandi telle la canne de Moïse pour que tu ouvres la porte vers un ailleurs ! Je me suis jetée à l'eau avec toi en pensant aller jusqu'au bout ... mais non. Non, non, non et non ! Un peu de bon sens même si je suis lente à la colère, tu m'énerves. Tu es trop long.
J'en peux plus ...

Tu m'as dit que deux femmes étaient mariées au même homme. Mais quelle horreur ...
Tu m'as "offert" une odeur tout au long de ce livre : celle de la Mandragore. Et un prénom qui m'a trotté en tête : Joseph. J'écris sur ce livre mais je me dis que cela va être un fiasco, c'est sûr, vous n'aimerez pas ce billet qui ne sera pas doux.
Je me concentre pour essayer d'écrire quelque chose qui pourrait intéresser quelqu'un. C'est difficile. Pourtant après tant de temps passé à te feuilleter je devrai avoir quelque chose à dire sur toi. Quelque chose d'autre que la colère. Mais non tout me révolte ! Ce livre révèle la femme rebelle que je suis ... pourquoi pas ... après tout pour ceux qui me connaitraient ça pourrait coller... ou pas.  
Alors je vais vous parler des règles des femmes. Il y a des hommes qui disent que nous sommes impures lorsque nous avons nos règles. Prenons un instant pour parler de cette vie potentielle qui disparaît tous les mois. Peut-être que certains hommes pourraient laisser leur conjointe, épouse un peu en paix à ce moment là ? Et pourquoi pas lui rendre hommage en lui préparant une chambre douillette, un moment rien que pour elle, lui offrir un massage, oui pourquoi préférer dire que nous sommes impures ou souillées à ce moment ? Mauvaise traduction ou interprétation sans doute ...
Soyons réalistes et arrêtons de mettre la femme là où elle n'a pas sa place. 

Messieurs ne pensez pas vous en tirer si facilement car pour vous aussi quelques règles à respecter. Vous seriez impurs jusqu'au soir avec un épanchement séminal et devriez prendre un bain pour vous purifiez. Vous voyez on reparle d'un bain ...

Ce livre et moi ça ne colle pas ... Nous nous sommes énervés beaucoup de fois, émus parfois. J'entendais même les entres pages me crier "oublie moi!".

Je continuerai avec "en la septième année la Terre aura son repos sabbatique..." Lévitique 25,4.
Alors là c'est génial, tous les sept ans il faudrait donc arrêter de travailler pendant une année. Ceux qui ont déjà eu la chance de prendre une année sabbatique vont bien rire s'il ne savent pas d'où vient ce terme. Comme dans les semaines, le septième jour n'est pas travaillé. C'est pareil pour les années. Il paraitrait même que de grandes choses se produisent...

Je me suis mise à regarder mes 7 ans. Oui d'accord . Puis mes 14 ans, bon d'accord aussi. Arrivée à mes 21 ans cela devient évident, les 28 je ne vous en parle même pas et les 35 je suis en plein dedans ! Évidemment cher lecteur tu n'es pas mon psy donc je t'épargnerai le détail de ma trente cinquième année. Je continue. Durant cette année on ne doit pas travailler et on doit effacer ses dettes ... Nous sommes en 2012, c'est la crise, l'Europe a des dettes de partout ... et si nous les effacions ... bin quoi ? Je continue, enfin j'essaie, car à 42 et 49 il parait que c'est le feu d'artifice : crise de la quarantaine, jubilé, restitution, un gros point à faire pour passer à la suite de ta vie de manière plus sereine. Ok là, vous vous y retrouverez peut-être un peu... ou pas.


Mais vous vous perdrez à nouveau quand un peu avant la page 200 l'auteur abordera la sexualité. Soutenez-le avec des gâteaux de raisin, j'aurai eu envie de dire des gâteaux de raison. Tendez lui des pommes pour qu'il soit ranimé car il est malade d'amour. L'amour c'est finalement le sujet de ce livre. Si si j'insiste. L'amour de l'auteur pour son projet, l'amour de l'auteur pour son épouse. Je pense que cet auteur est plein d'amour sincère envers son projet et que sans cet amour ce livre n'aurait pas vu le jour. De la conception, naissance à la création et la mort en passant par le mariage, l'adultère, la polygamie, le célibat, la nourriture, l'apocalypse, tout est abordé dans ce livre et vraiment il demande énormément de temps pour être lu. Deux années ça parait long mais je l'ai laissé de côté souvent parce qu'il m'arrivait des évènements semblables à ceux du livre, j'ai pris peur parfois. Évidemment la seine ne s'est pas ouverte devant moi mais des portes impossibles à ouvrir se sont légèrement ouvertes. Le temps d'ouvrir entièrement la porte et d'entrer ça pouvait prendre une journée ou trois semaines. Impossible de lire ce livre pendant ce temps là, il fallait que j'acte.

"Oublie moi ! Nous deux c'est terminé !" Et c'est reparti pour un tour de lecture ou plutôt de "je t'aime moi non plus". Pourtant c'était bien parti, mais là, au bout de deux ans, je te quitte ...

Vous aurez bien compris que j'ai adoré ce livre, mais que je suis une grosse feignasse pour le finir ... je l'ai beaucoup aimé et si vous lisez cette phrase, la dernière de ce billet (pas) doux, c'est que vous avez lu tout le message ... merci.

Léa BENCOIL.

12/01/2012

Nouvelle Interview de Vincent Godot - Profession : professeur de dessin - illustrateur


Aujourd'hui, à cette minute même, là où vous êtes maintenant, à cet instant précis... pas avant,ni après, juste ici et maintenant: levez les yeux et trouvez la première chose qui croise votre regard : les Halles? ... Bastille?... Porte d'orléans? ... il est 22h45 ? ou 13h39? ou 1h du matin?... pour moi c'est une image et pour vous ?
Maintenant nous recevons celui qui tisse des liens avec des livres... Vincent Godot ...

Pourquoi lisez-vous ?

Parce qu'il parait qu'il le faut. Parce qu'il parait que pour avoir une discussion correcte avec des gens il faut avoir beaucoup lu. Des livres, beaucoup de livres. Des livres d'histoires, des livres sur l'Histoire, des livres sur ceux qui écrivent des histoires. Il faut lire pour savoir parler... c'est ce qu'on m'a toujours dit... Je ne sais pas vraiment pourquoi. Mon plus vieux souvenir de lecture remonte au CM2. Je devais apprendre un poème. Les fables de Jean de La Fontaine. Je n'aimais pas l'école. Mais j'aimais ma prof quand elle parlait des poèmes. Elle nous demandait d'illustrer le poème. Et ça, ça me plaisait. Je crois que c'est le dessin qui m'a amené à la lecture. Et certainement à mon métier.


Quel est votre livre préféré ?

Les Fables de la Fontaine. Et tout type de lecture courte.


Pourquoi ?

Et bien parce que les histoires courtes me permettent de rêver dans l'instant et d'imaginer des images que je dessine rapidement après avoir lu pour ne pas les oublier car j'ai une assez mauvaise mémoire.


Achetez vous souvent des livres ?

Très très souvent vu que je lis des histoires courtes. En fait c'est super car les histoires courtes évitent la lassitude, j'en ai plein et je peux les relire souvent sans me décourager. Et du coup comparé à vous et bien lors de soirées je ne ressorts pas de vieux titres de livres que tout le monde a oublié ...


ha mais ...

Vous êtes vexée Léa ?

non, non ... continuez

(rires)


Lisez-vous tout de suite les livres que vous achetez ?

Oui ! c'est l'avantage des lectures courtes. On peut les lire dans l'instant présent. ça permet de se projeter assez vite dans un imaginaire et même si j'ai la chance de faire un métier ou l'imagination est tout le temps sollicitée, j'ai besoin après mes cours de dessin de m'évader par la tête et de laisser mes mains de côté pour qu'elles se reposent de dessiner.


Pouvez-vous décrire votre façon de lire ?

J'aime lire partout avec une préférence au milieu de la foule. Par exemple sur un grand boulevard. En plein milieu du trottoir. Je m'y plante et je lis debout au milieu de tous ces gens qui courent. Je me fais bousculer, enfin je crois, parce que quand je lis comme ça j'ai l'impression d'être amoureux. Vous vous rappelez du film "quatre mariage et un enterrement ?"


Oui, je ne risque pas de l'oublier ...


La scène où Andie Macdowell vient sonner à la porte de Hugh Grant. Il pleut. Elle ne sent rien. Je crois que je suis dans un état d'amour quand je lis. Mes lectures me servent aussi pour mes cours et mes illustrations, je puise dedans pour trouver de nouvelles idées de thèmes pour mes élèves en manque d'inspiration.


Que doit contenir un livre pour que vous le lisiez jusqu’à la fin ?

Déjà je dois avoir un bon contact avec l'objet. J'aime le papier glacé bien épais à l'extérieur et le vieux papier fragile à l'intérieur. J'ai l'impression d'avoir un trésor entre les mains. Et puis il y a l'odeur. Des fois l'encre des livres sent fort. Du coup je peux me balader dans une librairie le nez au vent à parcourir les rayons comme un chien qui flaire ...


C'est bon on a compris!

Mais je n'ai pas de chien vous savez !


Aimez-vous lire ?

Je ne sais pas ce que cache votre question Léa ! Mais je vais essayer d'y répondre le plus honnêtement possible. Je suis un homme âgé qui a aimé beaucoup de femmes dans sa vie. Je n'ai pas su faire autrement. Alors je l'ai assumé. Mon rapport aux livres, j'allais dire ma relation avec les livres, ressemble alors de près ou de loin à ma vie amoureuse. Mes livres sont mes femmes et mes dessins sont mes enfants.


Attention cet homme drague les livres ...

Léa BENCOIL.


22/12/2011

Plus tard dans ma lecture ... "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J Jacobs au éditions Babel

Ce livre est comme un gâteau, je voudrai le manger, le dévorer !
Je suis sûre d'être en manque arrivée à la fin. Je le lis sans le lire, c’est toujours l’impression qu’il me donne. Mais quelques jours plus tard il fait son effet comme un électrochoc.

Comment parler de la suite de cette aventure ? Ouvrage hypnotisant. Il faut bien le dire ce livre est un grimoire de 250 grammes qu’il faut lire avec précaution pour ne pas se voir projetée à toute vitesse dans une autre vie. 250 grammes d’hallucinations ? Je n’en sais rien !
Ce livre est une « bombe » d’émotions et d’évènements que vous finirez vous même par provoquer. J’hallucinais ! Et j’hallucine encore car je n’en suis qu’à la page 391 sur 506 !

Mais comment parler de la suite? Oui COMMENT! Comment parler d'un livre comme celui là ?
ça claque, ça raisonne et ça marque comme un rêve qui laisse des traces le matin au réveil...jusqu'à la fin de la journée.

Léa BENCOIL


Sur le chemin de ma lecture "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J Jacobs. Editions : Babel

Je suis à la moitié de mon chemin Métropolitain et je lutte pour ne pas que mes pensées s’échappent vers des images projetées à l’intérieur de mon cerveau. À cet instant je vis plusieurs moments.
J’ai l’impression d’être tiraillée entre l’envie de laisser mes yeux sur les pages du livre et celle de les lever vers le ciel pour imaginer ou réfléchir à ce que je viens de lire.
C’est insupportable à la fin ! Je tape du pied et des gens me regardent dans le métro.
C’est toujours marrant le regard réagissant des gens lorsqu’ils voient le titre du livre que vous êtes en train de lire. Non seulement lire un livre autrement que sur son téléphone étonne mais avec un titre comme « l’année où j’ai vécu selon la Bible » je suis sûre de voir des regards adjectifs se poser sur moi ou sur mon livre.
Mon regard se pose sur un livre au loin, à l’opposé du wagon dans lequel je suis.

Nous sommes deux personnes à lire dans le métro. Une partie du reste des gens écoute de la musique et le reste tire une tête de Chamellon prêt à cracher. Bref j’en profite pour me faire une promesse : lire au moins quinze minutes par jour en étant bien concentrée. En quinze minutes j’ai le temps de faire huit stations de métro, ou d’éplucher des légumes, ou d’appeler une copine, de ne rien faire, de surfer sur le net ou marcher jusqu’à Stalingrad …. Quinze minutes...

Léa BENCOIL


La suite de ma lecture "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J Jacobs. Editions : Babel

Nous avons tous en tête la scène du film des « Dix commandements » avec Charlton Heston, interprétant Moïse levant sa canne devant des eaux s’ouvrant en deux.
En lisant ce livre, je pensais que la facilité de lecture s’offrirait à mon cerveau comme la scène des eaux qui se retirent devant la canne brandit par Moïse.
Mais non. Mon cerveau qui s’endort généralement au bout de quinze minutes de lecture a gardé cette fâcheuse habitude. Il s’endort…Moi avec…
J’ai eu beau me mettre dans la peau du personnage, et croire, de toutes mes forces, que je pourrai lire facilement ce pavé de 506 pages, ça n’a en rien facilité la compréhension de ce livre.
Au contraire… ça a prolongé mon calvaire !
Un vrai supplice pour moi de me lancer dans cette lecture à rallonge. Le mot calvaire est un peu fort, car qui a-t-il de plus merveilleux que d’avoir la liberté de lire et de s’arrêter de lire quand on veut ? Mais c’était vraiment difficile de lire longtemps sans être interrompue par ce sommeil et ses pensées imagées...
Je n’ai donc pas gagné en facilité de lecture. Mes difficultés à lire sont toujours là. Un peu comme les eaux qui ne s’ouvrent pas devant Moïse qui brandit sa canne, mais plutôt quand un Hébreu du nom de Nahshôn a marché dans l’eau. Au moment où l’eau allait pénétrer dans ses narines, la mer s’est retirée … moralité : je ne me jette pas à l’eau pour la faire partir, mais je me jette aux mots pour que mes difficultés à lire se retirent pour laisser place à une liberté de lecture. Ce qui revient finalement au même puisqu'il s'agit de liberté dans les deux cas. Mes lectures m'emprisonnent parfois...
L’histoire que raconte A.J Jacobs est l’histoire qu’il a vécu lorsqu’il a décidé de vivre une année entière selon la Bible. Cette aventure est vraie.

Depuis presque une année, j’essaie de ne pas perdre patience avec ce livre offert. J’admire les gens pouvant dévorer des tonnes de livres par an avec une facilité déconcertante. Je suis lente à lire et parfois je suis au bord de la colère lorsque je relis plusieurs fois la même phrase pour en comprendre le sens. Sens, qui doit être celui que je comprends... pas forcément celui que l’auteur voudrait me faire comprendre… Bref quelque chose m’empêche de perdre patience… serait-ce à cause de mon éducation ? De mon travail auprès des enfants pendant de longues années ? De mon éducation religieuse … vais-je être châtiée si je perds patience ?

Soyez féconds, multipliez… genèse 1,28
Ça commençait mal, j’ai 34 ans et je ne me suis toujours pas multipliée … Horreur je ne suis qu’une ! En plein milieu de ce chapitre est abordée l’histoire de Rachel et Léa… l’une machine à faire des enfants et l’autre prête à mourir de désespoir de ne pas en avoir un seul … bon… ce sujet me mettant très facilement hors de moi je me dis que je ne cèderai pas à la colère mais plutôt que je serai patiente avec elle … exploser au bon moment ça … ça devrait m’aider à lire plus facilement … ou pas !

Je trimballe ce livre partout. Sac à main, métro, bureau, dodo. Il sent même mon parfum : Mandragore de chez Annick Goutal. Je vaporise dans l’air ce délicieux parfum pour qu’il dessine des volutes et tourne sur moi même pour qu’elles me retombent dans les cheveux.
Je commence à me poser de très sérieuses questions lorsque ce même chapitre aborde le sujet de la Mandragore. Je me sens un peu observée. Je m’appelle Léa. Je suis la sœur de Rachel. Je me parfume à la Mandragore et je lis ce livre… Beaucoup de correspondances en 35 pages. Mon égo est piqué au vif et me donne envie de lire ce livre. Je m’installe dans le métro et je lis. Au moins je ne pourrai pas m’endormir. J’ai 8 stations à faire et 15 minutes pour lire et découvrir la suite …

Léa BENCOIL


13/03/2011

MENTSCH alors! On va enfin savoir!

"MON FILS TU SERAS UN HOMME!"...
Combien de mères ont entendu sortir de leur bouche cette phrase ?
Combien de paires d'oreilles masculines ont entendu : "mon fils, la seule chose qu'on te demande...c'est d'être un homme..."
Toutes. Soyons clair(e)s.

Mais être un homme c'est quoi ? Il n'y avait que mon ami Sacha qui pouvait débarquer de bon matin pour m'offrir un livre au titre explicite "Comment se comporter en Mentsch et pas en shmok" de Michael Wex. Les premières pages m'ont parues compliquées, partant dans des explications et recherches dans le passé et ne faisant qu'accentuer mon impatience. Lorsqu'enfin le titre du chapitre "Qu'est ce qu'un shmok?" apparu sous mes yeux ! Les premières pages tournées dans des éclats de voix j'ai pensé : "ce livre ne finira pas dans la broyeuse". J'ai donc dû poser le livre et me mettre en situation. Péots, chapeau, et morceau de salade entre les dents ! En route vers le bonheur !

Léa BENCOIL

29/01/2011

Marcelle Labelète - Profession : croqueuse de pommes

Mesdames et Messieurs accueillons comme il se doit Marcelle Labelète, croqueuse de pommes connue à travers le monde des fabricants de jus de pommes. Merci de croquer brillamment et bruyamment une pomme en dégustant cette nouvelle interview !
crrrrrrrroc !

Pourquoi lisez-vous ?

Je lis pour comprendre les mots. En fait je lis parce que je me sens bête. J’ai l’impression de ne pas connaître grand chose. L’histoire m’intéresse moyennement, les dates sont si nombreuses qu’elles me donnent la nausée. La géographie me fait perdre la tête sans une bonne boussole. Je repense à mes cours de latin, je ne comprenais rien. Maintenant je ne sais pas pourquoi mais le moindre mot me passionne, par exemple : fourchette ou couteau ou rébarbatif sont des mots passionnants quand on les observe à la syllabe ou à la lettre. Surtout rébarbatif. Qui vient de l’expression « barbe contre barbe » passionnant quand on sait qu’aujourd’hui on utilise ce mot pour quelque chose qui nous ennuie, qui se répète… « barbe contre barbe »…zut alors les femmes ne peuvent donc pas connaître cette expérience géniale de la barbe contre la barbe. J’ai longuement pensé qu’on pourrait remplacer la barbe par les poils pour que cette expression devienne unisexe. Car pour certaine la barbe se situerait au niveau des mollets. Pourquoi je lis ? Parce que c’est unisexe, parce que ça permet de passer le temps dans le métro, parce que la société nous dit depuis des années : « lire c’est bien », ok alors lisons mais pas comme des brebis. Je veux lire du feu ! Je veux lire du fou rire ! Je ne veux pas m’ennuyer c’est tout !


Quel est votre livre préféré ?

Une Bible.


Pourquoi ?

Parce que c’est le seul livre que je ne pourrai jamais finir et jamais entièrement comprendre.


Achetez vous souvent des livres ?

Alors ça c’est une super question parce que si j’avais de l’argent j’en achèterai des tonnes, tous ceux sur lesquels mes yeux se poseraient. Je ferai construire une énorme bibliothèque pour les ranger. Mais cette question m’amène à une pensée. Imaginons que je ne travaille pas. Je lis un livre. J’écris et développe ce que je ressens à chaque passage intéressant et en fait une sorte de « sous-livre ». Du coup je mets deux fois plus de temps pour lire un livre et donc je lirai deux fois moins de livres dans une vie qu’une personne qui ne rédige pas de notes au cours de sa lecture…Je me demande pourquoi, encore une fois, je pense que je pourrai faire cela parce que j’ai l’impression ne pas savoir autant de choses que la plupart des gens ? Où est votre divan chère Léa ? Vous m’avez fait le coup du serpent à sonnette c’est ça ? (rires)


Lisez-vous tout de suite les livres que vous achetez ?

Cela dépendra du livre. En fait si j’achète un livre c’est que j’ai envie de le lire. Reste à savoir à quel moment ? Je peux acheter un livre en aillant un autre livre en cours.


Pouvez-vous décrire votre façon de lire ?

Je prends le livre entre mes mains. Je fais défiler les pages très rapidement pour assouplir le livre. Je le sens. Il m’arrive de tout faire pour qu’il ait une odeur familière. Je peux le laisser sur une table ou même dans un placard avant de le lire. J’aime lire en même temps que je suis dans le métro en train d’écouter la conversation des gens qui sont à côté de moi, d’ailleurs s’ils pouvaient parler moins fort ça m’arrangerait parce que ça me perturbe drôlement. Parfois je mélange leur conversation avec l’histoire du livre, ça peut donner des choses assez incroyables : « il arrivait la pédale au planché à 200 à l’heure lorsque, tu as pensé à faire le gratin de courges pour ce soir, elle avait les phares en pleine face, n’oublie pas qu’ici on est à Paris et qu’à Paris les gens ne sourient pas dans le métro… » Finalement ça pourrait donner des idées à des auteurs en mal d’inspiration de se poser dans le métro…avec un bon bouquin bien sûr !


Que doit contenir un livre pour que vous le lisiez jusqu’à la fin ?

Je crois que ça tient à la construction, comment le sujet est amené et l’histoire développée. Une façon d’écrire simple et bien ponctuée me laisse prendre le large et rêver.


Lisez vous les livres les uns après les autres ?

Plusieurs à la fois. Je trouve ça marrant parce que lorsque quelqu’un vous demande si vous avez lu le dernier Paulo Coelho et que vous dites : « ha oui celui dans lequel la courge est l’héroïne ! » Vous ne laisserez personne indifférent ! (rires)


Aimez-vous lire ?

(Grand soupir)

Je ne sais pas. Vraiment je ne sais pas. Je cherche encore. Le savoir ne passe pas que par les livres. La parole partagée m’éclaire sur beaucoup de choses.

Merci à Marcelle Labelète pour sa disponibilité. Mon divan est le votre.


Léa BENCOIL.


16/01/2011

Enfants


Paris le 16 janvier 1832,

Ma chère Lise,

Si ta vie commence à ta naissance il faut que tu saches où commence ton histoire.
Sur la carte elle se situerait vers Chambéry, Biscarosse, Sydney et Constantinople.
Sur la carte du tendre elle se situerait vers la Nouvelle Amitié réunie par des Terres.
Ces terres dans lesquelles on enfonce les ongles, les doigts et parfois qu'on porte à notre bouche pour en goûter sa saveur et sentir son odeur. Ces terres qui font couler du sang de nos veines et qui nous font être en vie. Du sang de nos racines.

Si ta vie commence à ta naissance, il faut que tu saches où sont plantées tes racines et quelles Terres elles traversent. Imagine-les pousser à travers les sols.
Sur la carte elles relieraient la Bretagne à la Turquie.
Ces Terres si différentes desquelles on emporte des saveurs qu'on garde sur un morceau de tissu pour le porter à ses narines et en sentir ses Terres.
Sur la carte du tendre elles pourraient être l'Oubli et la Confiante Amitié séparées par la Mer Dangereuse.

Ta vie pourra-être mille et une vies portées en toi...

Tu dois savoir que tu as été une surprise et que tu ne pourras être qu'une excellente surprise...puisque tu n'es pas encore née.

Léa BENCOIL

07/10/2010

L'année où j'ai vécu selon la Bible de A.J Jacobs. Editions : Babel

Les mots d'émoi

ça pourrait être une révolution capillaire...pileuse
ça pourrait ressembler à une confiture de douceurs...
ça pourrait être une agitation
ça pourrait être un frisson à cause d'une fenêtre mal fermée

mais c'est un livre de plus de 400 pages
et je ne sais pas comment ce livre a fait pour me mettre, non pas hors de moi au point d'avoir envie de le tuer tellement il est long mais presque en amour pour une action qui semble farfelue en 2010. Qui ose faire ce qu'il a vraiment envie ? Qui ose mener ses projets jusqu'au bout ? Inciteraient-ils à la violence ou au bien être ? Est-ce de l'anarchie ou du respect pour soi ? Mais qu'est ce qu'on doit comprendre à travers ce libre livre ? Qu'on est toutes et tous en train de devenir...prisonnier de ce que nous avons créé ?

Un bout de papier, de l'encre...cela peut peser une tonne. J'aurai pu avoir envie de le trainer à terre ! de lui hurler dessus en lui reprochant sa lenteur, son poids, son manque de souplesse...même pas...d'une légèreté absolue...d'une souplesse de papier agréable au touché...le format parfait. Mais alors ? S'il ne m'a pas donné envie de le déchirer ou de le tremper dans le liquide vaisselle et qu'il m'a fait mettre de côté "Correspondance intempestive à la folie...pas du tout" c'est qu'il en a sous la couverture !

c'est une révolution capillaire...pileuse
c'est une confiture de mots doux
c'est une agitation des émotions
c'est un frisson car il y a un courant d'air

Léa BENCOIL